about me

Ségolène Savoff revient de loin. Et c'est ce voyage existentiel qu'elle raconte au fil de ses créations. Artiste pluridisciplinaire, elle a commencé par la comédie mais s'est vite rendu compte qu'elle nichait trop de choses en elle pour se contenter de porter l'âme de quelqu'un d'autre. Elle a donc opté pour la peinture. Sur ses toiles on y a vu des chiens, casés, hurlants car aux abois;
La chair déchirée, le coeur innocent à l'agonie? Ces chiens, c'était elle: cette fille un peu sauvage, heurtée, bousculée, blessée (peut-être trop ?) par la vie, mais qui n'a pas peur de la regarder en face, la narguant de son regard évanescent, bercé d'ironie. Et puis il y avait la fragilité du corps qui flanche, qui se délite; Parfois dans l'abandon ou encore dans la colère. Le corps beau qui peut être laid, tout comme l'âme des êtres humains, trop humains...
L'artiste n'a pas froid aux yeux! Dans sa série de polaroïds, elle ne craint pas de se montrer sous toutes ses facettes, par le détail, se souciant peu d'une esthétique racoleuse à laquelle nos yeux blasés sont habitués. La vérité est ailleurs. Dans une beauté hideuse, dans la captation d'un moment intime, quotidien. L'artiste ne ment pas. Peut-être qu'elle l'a trop fait pour en ignorer les méandres stériles. Et puis il y a la psychanalyse, la parole libérée, la vie reçue de manière moins violente. L'heure n'est pas au renoncement, plutôt à l'apaisement. C'est à ce stade-là de son existence que Ségolène Savoff choisit de lancer sa gamme de produits Alphabeta, gamme dans laquelle elle s'efforce de décliner les thèmes récurrents de ses travaux précédents via des accessoires de mode. Le but est de détourner des produits qui nous sont familiers ( sacs, bracelets, etc.) ou des petites oeuvres arty et de les assembler pour en faire des pièces uniques, numérotées et accessibles à touts. Dans ses nouvelles créations, elle exprime toujours ce même souci du détail, de l'intime, de l'idiosyncrasie. Dans ce monde où sévissent productions en série et mondialisation, le concept de l'artiste exhale un doux parfum de liberté. Rien de plus normal, l'artiste et son oeuvre ne font qu'un. Il réitèrent chaque fois cet entêtement à exister autrement que dans un monde formaté et nous proposent celui des chemins détournés où la fantaisie et la créativité peuvent s'épanouir. Waouh, on respire!

Barbara Israël